SOURD :
Vient du latin surdus. Surdus
signifie :
- sourd,
celui qui n’entend pas
- sourd,
celui qui ne veut pas entendre
- sourd, ce qui
ne résonne pas et qu’on entend mal, qu’on ne peut pas bien entendre,
silencieux
Le mot français
sourd a ces mêmes sens :
Exemples :
- les
sourds et les malentendants : (qui n’entend pas)
- il reste
sourd aux appels qu’on lui envoie. (qui ne veut pas entendre,
insensible)
- un bruit
sourd. (qu’on entend mal, qui ne résonne pas, qu’on ne peut pas
bien entendre)
ABSURDE :
Vient du latin absurdus, qui vient lui-même de surdus.
Absurdus signifie :
- absurde,
contraire à la raison, contraire au bon sens, qui ne paraît pas
logique, inapte, incapable.
Le mot français
absurde a ces mêmes sens :
Exemples : un
jugement absurde (pas logique) ; une personne absurde
(qui manque de logique, de suite dans les idées, qui agit contre les
usages ou les normes considérés comme rationnels.)
On connaît de
nombreux synonymes (mots de sens voisin) : aberrant, déraisonnable,
extravagant, fou, illogique, insensé, saugrenu, sot, idiot, ridicule,
stupide…
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Les sourds
n’entendent pas ou entendent mal ; pour cette raison, ils ne
comprennent pas ou comprennent mal. Dès lors, ils semblent souvent
être en dehors de la conversation. Et, quand ils répondent ou quand
ils interviennent, ils risquent souvent d’être « à côté de la
plaque » ; ce qu’ils disent est discordant et peut paraître
absurde.
Absurde
et sourd sont bien des mots de la même famille.
On peut penser que
le mot absurdus a été créé à partir du mot surdus en
référence aux comportements des sourds, comportements inadaptés,
incompréhensibles qu’on avait tendance à qualifier d’idiots, et donc
d’absurdes. Pendant longtemps, on n’a pas compris que c’était parce
qu’ils n’entendaient pas que les sourds avaient de tels
comportements ; on les trouvait bizarres et on pensait qu’ils
n’étaient pas intelligents ; certains les disaient même idiots.
La preuve est
faite désormais -heureusement- qu’un sourd a des capacités
intellectuelles normales ; c’est la surdité et les difficultés de
communication qu’elle entraîne qui empêchent ces capacités de
s’épanouir ; d’où la nécessité absolue de fournir aux sourds les
moyens dont ils ont besoin pour former leur esprit. Un sourd
peut et doit pouvoir accéder à la culture,
comme les autres…
Qu’on puisse
considérer les sourds comme des idiots montre que l’ignorance conduit
à des croyances fausses. Ce n’est pas le seul exemple dans l’histoire
de l’humanité. On a cru longtemps que les femmes n’avaient pas le même
esprit (on se demandait si elles avaient une âme !) et donc pas les
mêmes capacités que les hommes ; ce qui amenait à subordonner la femme
à l’homme et à penser que les filles ne pouvaient pas faire d’études
et surtout pas des études scientifiques. On voit maintenant ce qu’il
en est …
De même, on a
longtemps pensé qu’il existait des races humaines inférieures : les
blancs bien sûr étant supérieurs à tous les autres qu’on considérait
comme des sous-hommes ; ce qui justifiait l’esclavage… On sait ce
qu’il faut penser de la supériorité de telle ou telle race ; et
l’esclavage a été supprimé, du moins celui qui faisait considérer
certains êtres humains comme des bêtes de somme que l’on pouvait
vendre et donc acheter ; car il y aurait beaucoup à dire des formes
modernes de l’esclavage… Quant à la notion même de race, elle est d’ailleurs mise en question…
Henri SICOT,
décembre 2003
Mon père |